Chère hypersensibilité

C hère toi, tu as toujours été en moi, je peux presque dire tu es « moi ». Depuis ma naissance, tu as été mon fardeau et mon cadeau. Tu as compliqué mon histoire de vie qui était pourtant une vie facile d’Européenne aimée née en 1995. Tu as compliqué mes relations par beaucoup de peurs et de pleurs que autrui ne savait pas gérer et comprendre.

Car toi, pour ceux qui ne le savent pas tu fais partie de la vie de 20% de la population, tu es un trait de caractère, tu fais partie de qui nous sommes et tu nous donnes une sensibilité extrême à tout ce qui nous entoure. Tu nous offres une faculté de ressentir ce que les autres ne ressentent pas, de percevoir ce qui est caché, nos 5 sens sont parfois plus développés et plus sensibles. Tu nous donnes un sixième sens, celui de l’instinct.

Le stress et toutes stimulations extérieures comme par exemple la foule, les températures et les bruits. Ainsi que les stimulation intérieurs comme la faim, la soif, etc. deviennent pour nous hypersensibles : une hyperstimulation qui peut engendrer en nous des réactions excessives. Excessif, voici un terme que je comprends bien, chère hypersensibilité. J’ai eu le sentiment de grandir en ayant des réactions excessives trop souvent, des pleurs là où les autres ne sont pas touchés, des sanglots là où les autres pleurent. Mes réactions étaient et sont démesurées face à la réalité, face à la « normalité ».

A l’âge de mes 20 ans, après des années à me faire croire que je n’étais pas normale et certainement un peu malade. Je t’ai découvert, par hasard, au détour d’une vidéo sur Youtube. Une jeune femme a décrit son hypersensibilité et je me suis reconnue presque mot pour mot. Enfin j’ai compris ce que je vivais, j’ai eu un mot posé sur ce que je ressentais comme anormale et exagérée : L’hypersensibilité.

L’envie de rendre ce que l’on m’a donné a grandi en moi. Si je t’écris cette lettre ouverte aujourd’hui c’est dans l’espoir qu’une personne puisse s’y reconnaître et commencer un chemin vers l’acceptation de son hypersensibilité. Car tu le sais, mon hypersensibilité, combien je t’apprécie aujourd’hui et combien je suis fière de cette différence que tu me donnes. Ce fardeau que tu as été pour moi durant plus de 20 ans devient pour moi au quotidien un cadeau. J’ai compris comment tu fonctionnes dans mon cœur, dans mon corps et dans mon cerveau. J’apprends à t’apprivoiser, même si bien souvent tu me donnes encore des réactions exagérées. A la différence d’avant, aujourd’hui je peux t’expliquer et te présenter à ceux qui m’entourent. Puisque je te laisse la place que tu souhaites prendre, les gens sont souvent bienveillants envers toi, mon hypersensibilité.

Je terminerai cette lettre par un merci. Merci de m’avoir accompagné durant ces années, merci de me donner la possibilité de vivre mes émotions à 100%, de ressentir cette joie qui m’inonde, cette amour qui m’enveloppe, cette tristesse qui me submerge, cette colère qui me fait vibrer et cette paix qui m’envahit. Tout cela me rend si spéciale et différente, mais qu’est-ce que j’aime tout ressentir si intensément. Alors merci.

Take heart, gentle soul, you may not be like the rest of them, but you are still whole – MHN